J'avançais, vacillante, sur la corde raide, essayant de ne pas trop penser au gouffre qui s'ouvrait béant sous mes pas. Et soudain tu as surgi face à moi, instable toi aussi. Re-découverte un peu au hasard, et le début d'un jeu juste comme ça, pour le fun. De toutes façons c'était pour déconner un peu. Et petit à petit, finalement, "et si...?". Pourquoi pas ? Alors on a essayé de s'accorder. Les mains jointes, trouver un équilibre, même un simulacre. A deux.
Sur le fond, ce n'était pas une mauvaise idée. Reste la forme. Et c'est bien là le problème. Comment compenser la distance quand nos rythmes de vie ne se synchronisent pas ? Faire semblant. S'inventer une vie commune dans un univers parallèle, et y croire tellement que le retour à la réalité est d'une douleur insoutenable.
On a été trop vite, sans faire les choses dans l'ordre. Et on a surtout oublié l'essentiel : s'attacher l'un à l'autre en vrai, se voir, se toucher, se sentir, s'embrasser... Pas simplement en se l'imaginant.
Oui, on a fini par y arriver, l'espace d'une seconde. Cette semaine passée ensemble nous aura fait croire que cela durerait, qu'enfin, on pourrait se construire un nous.
Les vacances achevées, le doute est revenu, s'immisçant en nous et détruisant tout.
Voilà pourquoi ce matin, malgré ces rires complices, nos étreintes intenses qui résonnaient déjà comme un adieu, et cette avalanche de baisers,
je n'ai pu te retenir.
Etreintes brisées, rires envolés, pluie de larmes.
J'ai lâché ta main, ou tu as lâché la mienne.
Equilibre perdu. Maintenant je tombe.
J'attends le filet qui me fera rebondir, et atterrir tant bien que mal, avec le plus de douceur possible.
Why does my heart feel so bad ?
'Cause, I think I love you.